lundi 12 janvier 2009

Ballade des dames du temps Jadis / Ballade de Pénélope

François Vilon : Ballade des dames du temps jadis

Dites-moi où, n'en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Echo, parlant quant bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Héloïs,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la roine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

La roine Blanche comme un lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,
Haramburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Que ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?
Palimpseste : Desperate Houseman, la Ballade de Pénélope

A vous la belle portant treillis
A vous ma jolie capitaine,
qui parcourez tous les pays,
pour le compte de l'armée cubaine :
"Ulysse fait femme" où donc vous mène ?
Ce périple qui dure si longtemps
Abrégez votre course vaine :
Revenez avant le printemps...

Un coup fourré dans les taillis,
de la jungle sud-américaine,
l'Angola, le pétrole, les puits
et vous revoilà, africaine.
N'écoutez plus ce rythme obscène
Des tambours, les guerriers chantant
Oubliez les voix des sirènes :
Revenez avant le printemps...

Quittez vos camouflages enduits
le visage sombre de la cheftaine
maquillez vos doux yeux et puis,
revenez à la vie humaine.
Considérez la vie d'Hélène,
cause des dures guerres d'antan :
combattre n'étoit point son domaine,
Revenez avant le printemps...

Ici vous serez une reine
Notre seul ennemi : le temps
Venez boire à cette fontaine
Revenez avant le printemps...

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