lundi 12 janvier 2009

Le dormeur du val / Adieu Narcisse


Arthur Rimbaud - Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Palimpseste : Adieu Narcisse

Au bord de l'onde claire, un tapis de verdure,
égayé de mille fleurs, enchanté des oiseaux
offre un spectacle étrange issu de l'aventure
du jeune homme dont était, éprise la belle Echo.

D'une pâleur gentille, d'un maladif sourire,
étendu sur la mousse, il regardait vers l'eau :
la brise sur la nuque, il souffrait de l'empire
du visage de l'amour, de se connaître beau.

Les pieds dans les roseaux, peu à peu il s'endort,
bercé du flot qui coule, un petit vent du nord
soulève quelques boucles, caressant ses cheveux.

Attendre ainsi l'Aurore, se laisser dépérir,
ne plus rien entendre des larmes de colère que,
la Nymphe éplorée verse, pour lui qui va mourir...


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